L’école de la créativité par Ken Robinson
Rendre les élèves plus acteurs, leur donner ainsi la possibilité de développer leurs talents et passions , voilà ce que prône Ken Robinson , allant à l’encontre de notre système scolaire trop standardisé. Et que disent les enfants quand on leur donne l’occasion d’exprimer leurs idées pour changer l’école ?
Est-il nécessaire de rappeler qui est Ken Robinson ? Cet enfant d’une famille nombreuse, du milieu ouvrier anglais, aurait pu ne jamais croiser son élément, le monde de l’éducation, s’il n’avait pas contracté la polio à 4 ans. Comme il le dit dans son livre L’élément , cette maladie qui lui a fermé les portes du football, auquel il se destinait, lui en a ouvert d’autres. Entre autres en lui faisant croiser le chemin d’un pédagogue investi qui a su reconnaitre en lui des talents et qui l’a tiré vers la réussite.
Depuis, après une longue carrière dans l’art, il s’est attaché à démontrer l’intérêt de la créativité dans l’enseignement, ainsi que l’effet d’un « mentor » dans l’accomplissement d’une personne.
Durant le mois de juin 2015, il a participé à plusieurs événements en France, dont un travail du collectif « Apprendre au 21è siècle », qui souhaitait recueillir en sa présence « 100 idées d’élèves pour changer l’école ». Lors de ce moment privilégié, des enfants de primaire, collège et lycée ont réfléchi par brainstorming pour ensuite choisir une vingtaine d’idées qu’ils allaient présenter à l’assistance.
Les plus jeunes ont surtout voulu travailler sur les thèmes de la nature et de son entrée à l’école, de leur envie de retrouver leurs parents dans l’école et de leur besoin d’être acteurs de leurs apprentissages.
Les collégiens ont pensé d’autres changements : dans leur rapport à l’enseignant, intégrant la joie, la bienveillance ; dans leur lieu de vie : la classe, hors la classe (musée, bibliothèque), les espaces partagés (espaces verts, cour, salles de repos) ; dans la diversification des savoirs, en intégrant de nouvelles matières (cinéma, apprendre à apprendre) ou en organisant des sorties ou des actions collectives, ou encore à travers l’utilisation de nouveaux médias, et en repensant les emplois du temps, la notation pour valoriser les talents de tous les élèves.
Les lycéens ont eux proposé un enseignement plus choisi, dans un lieu contenant de nombreuses infrastructures ou hors les murs, de façon à concrétiser l’école en repensant la formation des profs et en permettant d’améliorer le niveau de langue.
La vision de l’école de Ken Robinson met en avant le côté créatif des enfants, rappelant que, pour eux, l’école est un long voyage.
Les principes de l’éducation valent partout : 2 niveaux de construction interviennent dans l’éducation, le niveau personnel (développement et choix de la personne) et le niveau politique (propre aux choix du pays). Ce deuxième niveau est plus ou moins standardisé et en France, la standardisation est l’une des plus fortes qui existent. La standardisation rassure, car elle permet d’entrer dans un système de concurrence économique, de s’inscrire dans un monde compétitif, légitime dans la mesure où chacun veut la réussite de son enfant.
Cependant, standardiser contribue à faire baisser le niveau global de l’enseignement. Car l’éducation peut-elle se limiter à cela ? Actuellement, l’école encourage à un comportement type, conforme à une norme, dans un monde de différences. Heureusement, les enfants ont des qualités communes, mais certains en ont qui sont plus adaptées au système actuel.
Chacun a des talents et des passions, que l’école devrait davantage valoriser : le « voyage » de l’enfant ne devrait-il pas être un moment de mise en convergence des talents et de la passion qu’il a en lui ? Or, le système scolaire français enferme l’enfant dans une découverte de lui qui se limite à des savoirs alors qu’il devrait bien davantage y créer sa vie et construire ce à quoi il se destine.
Pour Ken Robinson, chaque personne vit dans deux mondes, l’un qui existe sans vous et que l’école permet de décrypter, et l’autre qui n’existe que parce que vous êtes là et qui « est venu au monde quand vous êtes né ». Le premier monde est privilégié par l’école, alors que le second mériterait largement d’être investi et mis à profit. L’école doit évoluer pour que l’enfant puisse faire fleurir le grand jardin qui est en lui.
Roseline Ndiaye
Professeure de SVT en collège
Juillet 2015